Voilà, une fois de plus, une belle occasion manquée.
Le 26 juillet, après 3 semaines d'attente insoutenable, les noms des secrétaires d'état du premier gouvernement Castex ont été dévoilés.
Ceux qui espéraient la création d'un secrétariat d'état à la condition animale en ont été pour leurs frais.
Certains y croyaient pourtant dur comme fer; des noms circulaient depuis de nombreuses semaines (L.Schweitzer, Loïc Dombreval, Romero-Diaz,...).
Tout portait à croire à la création d'un tel poste: le rapport récent de Loïc Dombreval sur la condition animale en faisait état parmi les nombreuses propositions évoquées.
Et puis la pétition qui réclamait un tel secrétariat avait rencontré un certain succès (102'355 signatures à ce jour) montrait l'intérêt et la demande des français pour la création d'un tel secrétariat d'état "à la condition animale".
Le président de la république allait-il rester sourd à cette demande populaire et à la proposition de Loïc Dombreval ?
La réponse aujourd'hui est OUI.
Certes, un secrétariat d'état "à la biodiversité" a été créé mais il a été confié à Bérengère Abba, députée LREM de Haute-Marne peu connue pour son intérêt pour la biodiversité et les animaux...et malheureusement davantage connue pour ses actions et positions en faveur de la chasse (https://www.politique-animaux.fr/berangere-abba?theme=chasse
Nous ignorons, pour l'instant, les contours de ce secrétariat à la biodiversité et la mission précise de Mme Abba.
Aucune illusion cependant à se faire quant à son indépendance et son ardeur à défendre les ours, loups et lynx. Elle sera sans doute acquise à la cause des chasseurs même si l'on n'est pas à l'abri d'une surprise mais c'est très peu probable.
De toute façon un secrétariat d'état ne constitue qu'un poste subalterne sans aucun pouvoir. Un chargé de mission de luxe plutôt.
Rappelons que dans le présent gouvernement même les ministres délégués ne sont plus appelés à participer aux réunions du conseil des ministres sauf s'ils sont invités à y participer pour un sujet relevant de leur mission. Alors pensez-donc ce qu'aura à dire un-e secrétaire d'état ?
Alors, pourquoi un secrétariat d'état à la condition animale n'a t-il pas été créé ?
Plusieurs explications:
- parce qu'il ne s'agit pas d'une priorité du président et du chef du gouvernement;
- parce qu'il n'y a pas de pression suffisante des citoyens
- parce les lobbys exploitant les animaux sont efficaces et ont accès au cœur du pouvoir.
Quand le gouvernement s'adresse aux chasseurs, il a Willy Schraen (Président de la FNC) en face et les chasseurs sont épaulés par Thierry Coste chef-lobbyiste.
Quand le gouvernement veut parler "condition animale" , qui a t-il en face ? des associations multiples aux agendas différents et ne bénéficiant pas de l'appui d'un lobbyiste puissant. Elles viennent aux réunions à plusieurs et chacune porte une voix différente.
Les chasseurs quant à eux sont très bien structurés et savent s'unir lorsque quelqu'un tente de toucher à leurs privilèges et droits.
Tel n'est pas le cas pour les défenseurs de la cause animale. Aucune union, sauf, péniblement, sur des tribunes ou des lettres ouvertes mais c'est tout.
Tant qu'il n'y aura pas une union des associations principales sous la bannière d'une fédération française de la protection animale avec un "chef " rien n'avancera.
Pour être crédible et efficace, il faut un seul interlocuteur qui parle au nom de la cause.
Il faut en outre une mobilisation importante des citoyens pour faire comprendre aux élus leur intérêt à écouter les revendications; tel n'est pas le cas.
Quand les associations de protection animale et les "amis" des animaux comprendront-ils que les idées seules ne permettent pas de faire gagner la cause et d'obtenir des progrès significatifs ?
Les idées aussi justes et légitimes soient-elles sont vouées à l'échec si elles ne sont pas appuyées par la pression populaire.
Les grandes causes (Abolissement de l'esclavage, égalité des droits, droits des femmes, droits des enfants) n'ont été couronnées de succès que par des mobilisations d'ampleur.
Le progrès n'est pas "accordé" par tel ou tel pouvoir en place, il est "arraché" au prix de fortes pressions.
N'oublions pas que les femmes et hommes politiques savent très bien comprendre quel est leur intérêt; en l'espèce, le président Macron tout comme ses prédécesseurs, a bien compris que les "attentes" des associations de protection animale et des amis des animaux, pour légitimes qu'elles puissent être, ne sont pas suffisamment appuyées par le peuple pour constituer un véritable enjeu méritant une attention particulière.
Les seules attentes et espérances ne permettront jamais d'obtenir quoique ce soit (du moins de significatif).
Les amis des animaux viennent, hélas, de recevoir une nouvelle leçon de réalisme.
Il est temps de se réveiller et d'agir autrement.