Un vent adverse dont la biodiversité risque de faire les frais souffle sur notre beau pays.
Les grands prédateurs que sont le loup et l'ours sont dans le colimateur des éleveurs notamment.
Les sénateurs à l'origine de cette proposition estiment que le loup en France n'est plus une espèce en voie d'extinction. Ils demandent à ce que soit constaté que " le loup a perdu son statut d’espèce strictement menacée, et en conséquence qu’il puisse passer de l’annexe II à l’annexe III de la Convention de Berne qui reconnait les espèces de faune simplement protégées : les États assurent le maintien de ces espèces par la réglementation de leur exploitation".
https://www.placegrenet.fr/2020/07/27/senateur-loup-plus-espece-strictement-protegee/306535
Texte de la Convention de Berne:
https://www.coe.int/fr/web/conventions/full-list/-/conventions/rms/0900001680078b0e
Annexe II à la Convention de Berne:
https://rm.coe.int/168078e2ff
Proposition de résolution européenne:
https://www.senat.fr/leg/ppr19-571.html
Examen en commission des affaires européennes le 16 juillet 2020:
http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20200713/europ.html#:~:text=La%20convention%20de%20Berne%20de,et%20de%20leurs%20habitats%20naturels.
Arrêté du 30 décembre 2019 portant expérimentation de diverses dispositions en matière de dérogations aux interdictions de destruction pouvant être accordées par les préfets concernant le loup (Canis lupus)
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=72D12623133B91B39BB7F7D55EF8627D.tplgfr33s_2?cidTexte=JORFTEXT000039749257&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000039749139
Les grands prédateurs que sont le loup et l'ours sont dans le colimateur des éleveurs notamment.
La "ruralité" fait feu de tout bois contre eux.
Dans cet article il ne sera cependant question que du loup.
Les sénateurs Sylviane NOËL, Frédérique PUISSAT, MM. Michel SAVIN, Jean-Pierre VIAL, Mme Colette GIUDICELLI, M. Cyril PELLEVAT et Mme Martine BERTHET, ont déposé le 25 juin dernier une proposition de résolution européenne "visant à modifier le classement dont bénéficie le loup au sein de la Convention de Berne".
Pourquoi vouloir déclasser le loup ? en raison des dégâts que provoque le loup et qui mettraient en péril l'élevage.
Rappelons que la "Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe" dite convention de Berne de 1979 ratifiée par la France en 1989 classe le loup à l'annexe II parmi les espèces strictement protégées. Toute forme de capture intentionnelle, de détention ou de mise à mort intentionnelle du loup est ainsi interdite.
Le loup relève également de la directive européenne «Habitats, faune, flore » du 21 mai 1992 (et de son annexe IV) transposée aux articles L. 411-1 et suivants du code de l'environnement. Il fait l'objet d'une protection stricte à ce titre.
Ainsi que le souligne le rapporteur Cyril Pellevat devant la commission des affaires européennes du sénat le 16 juillet 2020 " La protection du loup n'est bien sûr pas absolue. En droit international, aux termes de l'article 9 de la Convention de Berne et, en droit européen, aux termes de l'article 16 de la directive « Habitats, faune, flore », il est possible de déroger à la protection du loup, sous réserve que trois conditions soient réunies : qu'il n'existe pas d'autre solution satisfaisante, que la dérogation ne nuise pas à la survie de l'espèce et que des dommages importants aux cultures ou à l'élevage soient constatés.
La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), comme elle l'a montré dans deux arrêts récents, exerce un contrôle vigilant des dérogations à la protection accordée au loup, octroyées en application de l'article 16 de la directive « Habitats, faune, flore ». En France, des arrêtés autorisent chaque année des dérogations à la protection du loup, en permettant des tirs de défense et, le cas échéant, des tirs de prélèvement, dans la limite d'un plafond."
S'agissant du processus de "déclassement" d'une espèce, celui-ci relève du comité permanent de la Convention auquel, ainsi que le rappelle M. Pellevat, incombe la mission "d'évaluer l'état de conservation des espèces et, par conséquent, de revoir leur inscription dans les listes des annexes de la Convention. Tout amendement portant sur ces annexes doit être adopté à la majorité des deux tiers des parties contractantes."
M.Pellevat rappelle que "Des amendements sont régulièrement déposés. La Norvège soutient ainsi l'abaissement du niveau de protection de la bernache nonette. La Suisse a de son côté présenté, en 2018, un amendement visant à abaisser le niveau de protection dont bénéficie le loup. À l'époque, la Commission européenne avait adressé aux États membres, sur le fondement de l'article 218 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, une proposition prônant le report de ce vote, jusqu'à ce que des données actualisées sur l'état de conservation du Loup gris dans l'Union soient disponibles. Elle considérait à l'époque que l'état de conservation du loup demeurait défavorable dans plusieurs États membres dans lesquels cette espèce bénéficie d'une protection stricte."
A l'issue du débat en commission, au cours duquel certains sénateurs ont précisé ne pas voter en faveur de la résolution ou de s'abstenir, la commission a adopté la proposition dans la rédaction (reproduite intégralement) ci-après :
Rappelons qu'en France l'on compterait actuellement 580 loups et que l'arrêté du 30 décembre 2019 fixe un plafond de destruction de loups jusqu'au 31 décembre 2020 de 19 % de l'effectif moyen de loup estimé annuellement.
La volonté de déclasser le loup n'est pas une spécificité française; la Suisse en a déjà fait la demande en 2018 et le sujet est aussi d'actualité en Allemagne. La cause en est la forte expansion du loup en Europe.
Il faut reconnaitre que le loup cause bien des soucis à l'activité pastorale et de manière générale aux activités humaines ce qui déclenche sans surprise des réactions très virulentes des activités concernées. Il fait aussi souligner que parmi ceux qui "tirent sur le loup" (au sens figuré) certains ne mettent pas en œuvre les moyens de protection qui existent ou de façon insuffisante.
Il est hélas probable que sous la pression qui devient de plus en plus forte pour revoir le classement du loup, cela arrivera un jour.
Ce qui est certain c'est que les milieux de l'élevage et de la chasse se mobilisent fortement et que le loup a du souci à se faire.
https://www.placegrenet.fr/2020/07/27/senateur-loup-plus-espece-strictement-protegee/306535
Texte de la Convention de Berne:
https://www.coe.int/fr/web/conventions/full-list/-/conventions/rms/0900001680078b0e
Annexe II à la Convention de Berne:
https://rm.coe.int/168078e2ff
Proposition de résolution européenne:
https://www.senat.fr/leg/ppr19-571.html
Examen en commission des affaires européennes le 16 juillet 2020:
Environnement et développement durable - Classement du loup au sein de la Convention de Berne : examen du rapport de M. Cyril Pellevat, de la proposition de résolution européenne et d'un avis politique
http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20200713/europ.html#:~:text=La%20convention%20de%20Berne%20de,et%20de%20leurs%20habitats%20naturels.
Arrêté du 30 décembre 2019 portant expérimentation de diverses dispositions en matière de dérogations aux interdictions de destruction pouvant être accordées par les préfets concernant le loup (Canis lupus)
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=72D12623133B91B39BB7F7D55EF8627D.tplgfr33s_2?cidTexte=JORFTEXT000039749257&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000039749139