vendredi 8 mai 2020

John Muir , le Covid19 et le droit

John Muir:

« The battle for conservation will go on endlessly. It is part of the universal warfare between right and wrong »
« Nature is not a ressource to be harvested but a treasure to be preserved »

Voilà l’essentiel a déjà été dit par ce géant américain du naturalisme. Un homme extraordinaire à l’origine de la création du parc national du Yosemite en Californie.
Il avait entrevu, plus tôt que les autres, les menaces de l’industrialisation sur la nature. Un visionnaire.

Aujourd’hui, la crise sanitaire ouverte par le Covid19 doit nous conduire à nous rappeler ces mots d’une actualité brûlante.

Oui, il est temps de nous interroger sur le monde que nous avons créé. Un monde qui repose sur l’exploitation des humains, des animaux et de la nature; un monde qui nous conduit dans l’impasse et qui,inéluctablement, nous plonge et nous plongera encore dans des tragédies pourtant évitables.

Si de plus en plus de voix s’élèvent désormais en faveur d'un changement de paradigme, il semble malheureusement que ce ne soit pas pour demain.

Les forces écocides qui contrôlent nos économies ne pensent qu’à retrouver au plus vite le « monde d’avant » que certains qualifient de « jours heureux ». Pure folie qui se paiera cash.
On voit,hélas,que le libéralisme a une capacité de résilience considérable.

Je garde cependant espoir qu’à terme (en espérant que cela ne soit pas trop tard), de gré ou de force,la société changera et qu’une copropriété écosystémique émergera. Enfin.

Le droit évoluera également. Cette discipline, à la réputation très conservatrice,n’aura pas d’autre choix que de s’adapter grâce à la pression qui sera exercée par les citoyens sur le législateur afin de prendre en compte les nouvelles réalités.

La nature et l’ensemble des organismes vivants devront bénéficier d’un protection plus générale et  bien plus efficace. Leur personnalité juridique finira pas être reconnue.

A la suite d’un vote intervenu le 26 février 2019 ,la ville étasunienne de Toledo située au bord du lac Erié avait adopté une réglementation locale appelée « Lake Erie Bill of Rights »(LEBOR) afin de protéger ledit lac de la pollution. Ce texte devait permettre à la ville et aux citoyens d’engager des procédures au nom du lac Erié.

Ce texte reconnaît des droits irrévocables à l’existence de l’écosystème du lac Erié et au droytpour les résidents de pouvoir bénéficier d’un environnement sain :

« Irrevocable rights for the Lake Erie Ecosystem to exist, flourish and naturally evolve, a right to a healthy environment for the residents of Toledo, and which elevates the rights of the community and its natural environment over powers claimed by certain corporations.

Par une décision en date du 27 février 2020, un magistrat fédéral a cependant jugé que cette loi locale  devait être invalidée , d’une part en ce qu’elle se substitue à la loi de l’état de l’Ohio (ce qu’une municipalité ne peut faire) et d’autre part en ce qu’elle est contraire au 14ème amendement de la constitution américaine car le texte est trop vague et sans réelle signification pratique.

La loi locale de Toledo (en dépit de son invalidation) est un exemple de plus illustrant l'évolution du droit de l’environnement et du droit animalier.

Le mouvement en faveur d’un renforcement de la protection de certains éléments de la nature et de certaines espèces d’animaux, en particulier par la reconnaissance de droits fondamentaux et de attribution de la personnalité juridique est en marche.